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Le blogue de Véronique Dubeau-Valade
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3 octobre 2015

S'engager noblement en politique ...

"Le PS est mort". Tel est le titre d'un article paru dans "Le courrier du parlement" dont est publié ci-après l'extrait où Jean-Marie Bockel, ancien ministre socialiste sous les mandatures de François Mitterand et Nicolas Sarkozy, explique son parcours et les raisons de son engagement politique à l'UDI ...

Certes le PS est mort ..., mais d'autres aussi et avec ces déliquessences monte un parti dont les bases artificielles feraient de nombreux déçus s'il arrivait à se positionner au sommet de notre démocratie. Réfléchissons ... Il est encore temps ...

Jean-Marie Bockel : " Le PS est mort "

Vous avez récemment salué la décision de François Hollande de procéder à des vols de reconnaissance au-dessus de la Syrie, préalable à des frappes aériennes. La politique de la France évolue-t-elle dans le bon sens en Syrie ? Que faudrait-il faire ?

http://www.lecourrierduparlement.fr
En 1974, quand vous êtes devenu secrétaire des Jeunesses socialistes du Haut-Rhin, vous étiez présenté comme proche de Jean-Pierre Chevènement, à l’aile gauche du PS. Vous avez quitté le PS en 2007 pour devenir une personnalité d’ouverture du premier gouvernement Fillon. Vous avez ensuite été élu sous l’étiquette UDI au Sénat en 2014. Quelle est la cohérence, le fil rouge de votre parcours politique ?

Ma trajectoire est le contraire d’un parcours opportuniste. Si vous regardez sur le long terme, je me suis engagé en politique il y a 45 ans à l’âge de 20 ans. J’ai adhéré au PS à 23 ans. J’ai passé 34 ans au PS et j’y ai effectué toute ma carrière politique avec des hauts – comme quand j’ai été ministre de Mitterrand – et des bas. Chaque fois que la gauche a perdu les élections – moi, socialiste dans une région de droite, j’ai perdu mon mandat de député – je suis allé au combat même quand la situation s’avérait très difficile.

Lorsque l’on a des convictions, selon les cas, on gagne ou on perd. J’ai été proche de Chevènement pendant près d’une vingtaine d’années, je suis resté ami avec lui avant de m’en éloigner sur les enjeux européens. Je suis un européen comme il y en avait beaucoup au PS, à commencer par François Mitterrand. Je suis d’ailleurs un des fondateurs du Club témoin avec Jacques Delors à l’époque, mais aussi Martine Aubry, Jean-Yves Le Drian, François Hollande et Ségolène Royal.

Et puis, à partir des années 1995-1996, j’ai incarné la sensibilité blairiste, c’est-à-dire en réalité le social-libéralisme vers lequel tendent, avec les contradictions que l’on sait, des personnalités comme Manuel Valls ou Emmanuel Macron. Non sans difficultés d’ailleurs, plus difficilement dans les actes que dans les paroles. Voilà aujourd’hui le problème de François Hollande, de son gouvernement, de sa majorité et du PS : ne pas avoir une ligne politique claire, ne pas avoir tranché et se retrouver par conséquent freiné dans les véritables réformes. Lorsque je prônais cette ligne politique il y a vingt ans, j’étais seul. Mais je cotoyais au Parti Socialiste des personnes qui pensaient que j’avais au minimum une part de vérité mais avaient vis à vis du PS une position conservatrice et se reposaient sur de vieux principes comme « le parti se prend par la gauche » ou « le pouvoir, on le prend et ensuite, on s’adapte ». Or, je n’étais pas du tout d’accord, j’estime que nous vivons désormais dans un monde où l’on doit dire ce qu’on va faire et on le fait, du moins on essaye. Cela m’a isolé certes, mais j’étais sur une ligne politique claire, correspondant à ma vision de ce que devait être une sociale-démocratie en Europe. J’ai même été jusqu’à présenter mes idées dans un congrès en 2005, soit il y a à peine dix ans, juste avant la rupture, et j’ai réuni moins de 1% des suffrages. Les dés étaient pipés. Un tiers du PS environ devait être d’accord avec moi mais ne pouvait résister à la logique de clans et de clientèle politique telle que je l’ai connue dans ce parti. Localement, on suit ses chefs et on ne va pas dans une voie incertaine qui pourrait ensuite vous priver de mandat. Ils m’ont donc marginalisé. Je suis quand même resté et pendant les deux années suivantes, je suis devenu le bouc-émissaire et tous disaient, puisque c’est le mètre-étalon du PS : « on est de gauche parce que Bockel est de droite ».

Quand le président m’a proposé d’être ministre en 2007, j’ai donc accepté. Beaucoup de Français, à l’époque, ont cru à l’ouverture. Même Nicolas Sarkozy, je pense, à certains égards, était sincère : il voulait ouvrir le jeu et pensait qu’on ne pouvait réformer en jouant un camp contre un autre. Cela n’a pas passé l’été 2007. La situation s’est retournée dès l’automne avec les erreurs du début de mandat de Sarkozy. J’ai créé une formation, la Gauche moderne, avec l’idée que j’allais incarner cette ouverture et que le PS aujourd’hui ne pouvait plus être une option en termes de réforme du pays. La réalité après la victoire de Hollande m’a un peu donné raison.

Je suis l’homme d’une rupture, d’un changement, pas un opportuniste. J’ai été loyal envers la majorité que j’avais rejointe pendant tout le quinquennat de Sarkozy, d’abord comme membre du gouvernement puis après l’avoir quitté. Je suis le seul ministre d’ouverture à ne pas avoir fait d’aller-retour, si je mets de côté Eric Besson qui a arrêté la politique. J’ai moi-même failli perdre ma mairie en 2008 parce que j’avais rejoint Sarkozy et qu’entretemps l’opinion s’était retournée. Quand j’ai quitté le gouvernement en même temps que Jean-Louis Borloo, ce dernier s’est engagé dans une démarche de reconstruction du centre, d’un centre large, ouvert, et non pas étriqué et divisé entre Morin et Bayrou.
bockel-udiJ’ai été de cette aventure avec ma petite formation La Gauche moderne qui incarnait toujours mes idées. Voilà comment je suis arrivé à l’UDI, dans la logique de mon parcours. Aujourd’hui, j’y suis engagé. A l’UDI, je retrouve mes convictions européennes, « sociales-libérales », c’est-à-dire l’équilibre entre une dimension sociale et de soutien à l’économie, un libéralisme tempéré.

Vous avez quitté le PS parce que vous appeliez à une rénovation blairiste du parti, ce qui vous mettait en désaccord avec sa ligne politique. Aujourd’hui, Manuel Valls semble soutenir une politique sociale-libérale, ce qui le place en porte-à-faux avec l’aile gauche du PS. Dans une tribune publiée sur Slate.fr, vous l’avez appelé à quitter à son tour le PS et à rejoindre l’UDI. Pensez-vous que l’évolution sociale-libérale du PS est inéluctable et que vous l’aviez prédit trop tôt ? Ou que toute tentative de réforme en ce sens est condamnée à se heurter à l’état actuel du PS ?

Cette tribune était une façon un peu provocatrice de mettre le Premier ministre devant ses contradictions. Manuel Valls, qui a essayé d’incarner cette ligne sociale-libérale jusqu’à la primaire de 2011, où il a fait 5% des voix, est un Premier ministre de compromis entre ses penchants modernistes et la façon dont Hollande fait de la politique, qui consiste à ne jamais vraiment trancher et ne jamais aller jusqu’au bout des réformes nécessaires. Malgré son intelligence, sa conscience qu’il n’est pas au rendez-vous des attentes, il reste totalement prisonnier de sa tactique politicienne. Car il s’agit de sa culture, la synthèse impossible du Parti socialiste, et qui aujourd’hui lui retombe dessus comme un boomerang, si on prend l’exemple de Martine Aubry, à la gauche de la gauche.

Je pense sincèrement que le PS est mort. Il aurait pu en être autrement jusqu’en 2012, si François Hollande avait pris les risques que l’on attendait de lui pour réformer notre pays. Toute son action n’est pas forcément mauvaise. Sur la défense, je fais partie de ceux qui soutiennent sa politique. Mais sur la question intérieure, l’échec est patent et le Parti socialiste va être entrainé dans cette chute. Il va se déchirer sous nos yeux. Ceux qui n’étaient plus mariés que par des intérêts de mandat électif et de clientèle politique, vont partir. Aujourd’hui, la sociologie du PS est constituée essentiellement d’élus et de personnes qui ambitionnent de l’être. Ceux qui s’engagent par idéal, comme moi par le passé, vont ailleurs, y compris s’ils ont une sensibilité de gauche ou alors ils n’y restent pas longtemps, parce qu’ils comprennent vite où ils sont tombés. Ils sont si profondément divisés qu’on n’imagine pas qu’au-delà de l’échec annoncé – rien n’est certain cependant – de 2017, le parti socialiste ne va pas se scinder. Nous allons passer par une recomposition complète. Quelle sera la nouvelle donne ? Je ne peux le prédire. En tout cas, le Parti socialiste est terminé. Son histoire s’achève en ce moment même : un miracle est toujours possible cependant, mais rare.

*****

"S'engager en politique, c'est un service pour les électeurs. Les assurer de notre liberté, notre volonté, notre compétence, notre disponibilité totale pour la mission, notre honnêteté, notre intégrité, notre responsabilité." 
Je partage totalement cet avis d'un de mes amis du bureau de l'UDI 24, ce qui me conduit à confirmer mon engagement aux valeurs humanistes que je défends depuis toujours en toute honnêteté, transparence et responsabilité politique.
J'invite tous ceux qui ont la volonté de peser dans l'avenir de leur pays à s'engager noblement en politique pour défendre avant tout des valeurs démocrates et humanistes, ces valeurs qui me paraissent aujourd'hui défendues seulement au sein de l'UDI.
'Mon idéal politique est l'idéal démocratique. Chacun doit être respecté en tant que personne, et personne ne doit être divinisé;" (Albert Eintein - Ulm 1879 > Princeton 1955 dans "Comment je vois le monde")
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Commentaires

Dans ma vie, j’ai tiré trop bas.
Quand je devais faire un discours, il y avait un conseiller pour me dire : "mettez cette phrase, cela fera plaisir à Untel" ou "supprimez cette phrase, elle gênerait Untel". J’ajoutais, je supprimais. Personne au fond ne m’en savait gré et je m’étais seulement un peu dégradé.
J’ai accepté trop de compromis.
Refusez. Soyez vous-mêmes. Montez, montez le ton. Visez plus haut. … plus haut
(Georges Pompidou, 27 mars 1974 - date de son dernier conseil des ministres)

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